La Société des Vieux-Grenadiers de Genève est une société historique et patriotique qui compte aujourd'hui plus de 270 ans d'existence.
Forte de plus de 1'000 Vieux-Grenadiers, elle est dirigée par un Comité Central de 9 membres qui veille à son bon fonctionnement, ainsi qu’à sa pérennité.
L’agenda de la Société s’articule autour d’événements protocolaires et de fêtes traditionnelles qui perpétuent années après années les valeurs contenues dans sa devise qui sont la Patrie, la Famille et l’Amitié.
De nombreuses sections et amicales animent également la vie de la Société, donnant ainsi à chacun de ses membres la possibilité de prendre part à des activités conviviales et ludiques en fonction de ses centres d’intérêts. La plus connue de ces sections, également dans le reste de la Suisse et à l’étranger, est bien entendu la Compagnie des Vieux-Grenadiers que les genevoises et les genevois peuvent admirer lors des nombreuses manifestations officielles du canton de Genève auxquelles elle est conviée.
L’insigne représentant une grenade et qui brille à la boutonnière de nos membres est le reflet de leur fierté d’appartenir à une communauté à nulle autre comparable où règnent camaraderie, respect et solidarité.
Historique
C'est en octobre 1749 que quatorze grenadiers de la Milice genevoise fondent le Cercle des Grenadiers. Il ne subsiste aucun écrit révélant les raisons précises de la fondation du Cercle. A ses débuts, le Cercle n’a pas de président, mais un trésorier pour tenir les comptes. L'autorité morale est exercée par un Patrimonial, titre porté par le membre le plus âgé. Les membres semblent être de bons citoyens, tranquilles, désirant avant tout passer leurs soirées entre amis à jouer, au piquet (jeu de cartes) ou à la quadrette (jeu de boules), dans la petite maison qu’ils louent « hors-les-murs » à Plainpalais.
Au milieu du XVIIIe siècle, Genève est une cité indépendante qui vit repliée entre ses murailles et le lac afin de se protéger des appétits du roi de France ou des Seigneurs de Savoie. Bastion de la Réforme, la cité de Calvin connait une économie prospère grâce à ses horlogers et ses banquiers, habiles et actifs avec l'Angleterre et la Hollande. Les Seigneurs-Syndics qui gèrent Genève maintiennent la sécurité avec un contingent de troupes professionnelles et la milice constituée par tous les citoyens valides. Parmi ceux-ci, Bourgeois établis, propriétaires d'ateliers ou de commerces, entrepreneurs, les Grenadiers représentent l'élite, admirée comme telle par la population. Ces porteurs de grenades forment la garde des Syndics qu'ils escortent jusqu'à la cathédrale de Saint-Pierre, à l’occasion des séances solennelles.
1749, c'est l'époque où les Cercles privés fleurissent. Cette mode, venue d'Angleterre, offre aux Genevois l'occasion de se retrouver à l'abri des contrôles de la Vénérable Compagnie des Pasteurs qui lutte contre la consommation de vins et la pratique du jeu, activités "qui pervertissent les habitants". On y parle aussi de politique car le régime patriarcal des conservateurs pèse sur des citoyens qui aspirent à une véritable gestion démocratique.
Jusqu’en 1779, soit pendant 30 ans, aucun nouveau membre n'est reçu ; un seul décède, en 1757. En 1780, on note enfin trois admissions. En 1782, des troubles éclatent à Genève. Le gouvernement réagit durement. La milice genevoise est dissoute et les quelque 200 Cercles fermés. Le Cercle des Grenadiers est touché, ainsi que les Exercices de l'Arc, ceux de l'Arquebuse et de la Navigation. Les membres du Cercle ne cessent cependant pas de se rencontrer, avec prudence. En 1783, pour remplacer la milice dissoute, une garde soldée est mise sur pied. Elle est appelée vulgairement "la basane" (la doublure).
C'est à cette époque que le registre des membres disparaît. Le trésorier Louis PANCHAUD en avait la garde. L'a-t-il détruit par crainte de l'interdiction ? Il semble toutefois que trois nouveaux membres aient été admis en 1786. Pendant les années qui suivent la Révolution française, la vie du Cercle des Grenadiers demeure peu connue. Dès 1791, les membres disposent d'un lieu de réunion d'été, au Pré-l'Êvêque (qui deviendra Pré National). En 1794, leur local se situe aux Rues-Basses de l'Ecu de France, puis au Molard.
En mars 1798, la France occupe les cantons suisses pour créer une République helvétique qui lui est inféodée. En avril suivant, le Directoire, entendant "protéger" Genève, lui impose un Traité de réunion, décrétant les Genevois "Français-nés". Pour les Grenadiers, c'est la catastrophe. Ils resserrent les rangs dans leur Cercle du Molard, sont contraints d’intégrer la nouvelle Garde nationale du Département du Léman, dont l'uniforme bleu foncé avec passepoils et revers rouges, ainsi que le bonnet à poils portés par les deux compagnies d'élite de grenadiers est à l'origine de l’uniforme de l’actuelle Compagnie des Vieux-Grenadiers de Genève. Dès 1803, les Genevois sont finalement soumis à la conscription et rejoignent les régiments de ligne de l’armée française. Plus de mille Genevois perdront la vie sur les champs de bataille italiens ou russes, nombre d'invalides reviendront marqués dans leur Cité.
La Restauration de la Ville et République de Genève le 31 décembre 1813, après le départ des troupes françaises, marque un tournant décisif. La Diète helvétique envoie à Genève deux compagnies de Fribourg et une de Soleure pour renforcer la protection de la cité. Le 1er juin 1814, l'arrivée de ces troupes au Port-Noir déclenche une liesse populaire extraordinaire. Le 12 septembre 1815, Genève devient le 22ème canton suisse. En 1820, le Cercle s’installe à la rue des Savoises.
Dans les années 1821-1823, une nouvelle société dite des "Jeunes Grenadiers" se constitue, mais ne dure pas. Elle marquera cependant l'histoire de la Société car, pour éviter toute confusion, l'appellation de "Cercle ou Société des Vieux-Grenadiers" est entérinée. C'est également à cette période que des éléments civils, c'est-à-dire de simples citoyens qui ne sont pas des grenadiers de la milice, deviennent majoritaires et favorisent la transition du Cercle en Société.
En 1850, après quelques années difficiles, il ne reste que plus que sept membres et il est question de dissoudre la Société. Mais en 1851, une trentaine de jeunes éléments, auparavant amis-visitants, demandent leur admission comme nouveaux membres et lui redonnent une certaine vitalité. La Société est réorganisée et un comité de cinq membres est constitué. Le premier président est Pierre FAIDY. En 1852 ou 1853, le premier tir au canon des Vieux-Grenadiers désigne son Roi, tradition qui s’établit ensuite d’année en année.
Depuis la Révolution radicale de 1846, des personnalités telles que des conseillers d’Etat entrent dans la Société, la rendant plus attractive. Jusqu'alors, les membres venaient surtout de milieux industriels et artisanaux. Désormais, des représentants de la magistrature, du barreau, des sciences, du commerce et de l'agriculture demandent leur admission dans la Société. De 37 membres en 1851, elle passe à 247 membres en 1890. Dans l’intervalle, la devise de la Société PATRIE - FAMILLE - AMITIE est instituée en 1882. L’année suivante, la coupe de la Société, symbole de convivialité, est créée et, depuis lors, levée par tous les candidats qui "passent sous les drapeaux" dès lors que leur candidature a été avalisée par les membres de la Société. En 1893, les Vieux-Grenadiers entrent dans leurs murs, en propriétaires, sur un petit domaine avec jardin, au chemin du Four, aujourd'hui connu sous le nom de rue des Vieux-Grenadiers.
A l’occasion de l'Exposition nationale de 1896, année au cours de laquelle le Vieux-Grenadier Adrien Lachenal est élu Président de la Confédération, un peloton de sept Grenadiers en uniformes d’époque précède le cortège lors de la journée de clôture. La Section militaire de la Société est ainsi constituée mais c'est à l'occasion du 150ème anniversaire de la Société, en 1899, que l'on peut parler de la première grande présentation de la Compagnie des Vieux-Grenadiers, forte de près de 50 hommes en uniforme. En 1914, cent ans après l'arrivée des Suisses au Port Noir, une majestueuse reconstitution est organisée, à laquelle participe la Compagnie qui présente les armes à l'arrivée des barques qui accostent avec à leur bord des contingents fribourgeois et soleurois en uniforme d'époque, au milieu d'une foule enthousiaste.
En 1930, grâce à la vente de son premier local, la Société peut se permettre d'acheter une nouvelle propriété à la rue de Carouge 92, dans un ancien relais de voitures à chevaux. Après diverses modifications, un spectaculaire agrandissement est effectué en 1979, avec une grande salle annexe. Un incendie détruit la toiture et les combles de l'immeuble en 1983. Il faudra deux ans de travaux avant l'inauguration des locaux remis à neuf.
En 1996 ont lieu les festivités qui marquent le 100ème anniversaire de la création de la Compagnie des Vieux-Grenadiers, qui commémore fastueusement cet événement avec 120 hommes en uniforme. La Société des Vieux-Grenadiers fête quant à elle, tout au long de l’année 1999, le 250ème anniversaire de sa fondation.
Bernie Perroud
Aujourd’hui, la Société a un effectif de 1'050 membres et est dirigée par un Comité Central de neuf membres.
Elle est composée de nombreuses sections et amicales, plus celles des contemporains (classes d'âge dès 50 ans).